L'histoire :
« La petite Malika, ouvrière dans une usine du port de Tanger, demanda à son voisin Azel, sans travail, de lui montrer ses
diplômes.
– Et toi, lui dit-il, que veux-tu faire plus tard ?
– Partir.
– Partir... ce n'est pas un métier !
– Une fois partie, j'aurai un métier.
– Partir où ?
– Partir n'importe où, là-bas par exemple.
– L'Espagne ?
– Oui, l'Espagne, França, j'y habite déjà en rêve.
– Et tu t'y sens bien ?
– Cela dépend des nuits. »
Mes impressions de lecture:
Je ne connaissais Tahar Ben Jelloun que de nom : ça me semblait une lecture ardue, pas très gaie ... pas pour moi en définitive.
Je me suis lancée en suivant les conseils de quelqu'un et je ne suis pas déçue. Aussi par le fond que par la forme.
Tahar Ben Jelloun nous offre sa vision du Maroc actuelle. Même s'il ne juge jamais rien ni personne, son point de vue est quand même marqué. Le choix des personnages et des destinées dénonce une administration corrompue et toute cette jeunesse perdue. C'est finalement terriblement ambigü car on sent toute l'affection qu'il a pour ces jeunes gens. il comprend leur envie de partir. Mais, à ses yeux, ce départ ne leur apportera que des désillusions.
Tahar Ben Jelloun nous montre un Maroc perdu, qui refuse l'extrémisme mais qui en sait pas exploiter le merveilleux potentiel de sa jeunesse. Un roman plein d'espoir? Non, parce qu'on en ressort avec l'impression qu'il n'y a ni solution ni issue.
Cette réflexion dense et fournie (c'est rare qu'un roman m'amène à me faire autant de réflexions) est nourrie par une écriture plein de sensibilité, de poésie.
Un seul bémol : je n'ai pas compris la fin. Si quelqu'un qui lit ces lignes l'a comprise, je suis preneuse ...
En tous cas, un roman magnifique que je conseille.