L'histoire (quatrième de couverture):
Au coeur de Barcelone, dans un immeuble déserté, deux écrivains tentent de finir leur livre. L'un Miquel Rovira, obsédé par la langue et la culture Catalane, consacre toute son énergie créatrice à un ambitieux premier roman. L'autre, Ramon Balaguer, se refuse à quitter les lieux malgré le harcèlement du principal propriétaire de l'immeuble. Rovira écrit en catalan, Balaguer en castillan : chacun défend fièrement la langue qu'il a choisie, et bientôt deux conceptions de la littérature s'affrontent. Aussi, quand Balaguer s'éprend de la petite amie du jeune romancier, le triangle amoureux suscite une nouvelle et cruelle rivalité, à l'issue inattendue.
Cet ouvrage a reçu le pemier prix des lettres catalanes, le prestigieux prix Ramon-Lull 2009.
Mon avis:
Pour être honnête, quand j'ai reçu le livre je me suis demandé quelle idée saugrenue m'avait poussée à le commander : je n'ai aucune connaissance particulière sur l'Espagne, ou le Catalan, la couverture...bof et l'histoire semblait s'adresser à des lettrés ou du moins à des personnes ayant la culture suffisante pour appréhender la portée du texte.
C'est armée de beaucoup de courage que je me suis plongée dans la lecture... pour découvrir un livre facile à lire, agréable.
J'ai été rapidement happée par l'histoire, les personnes ont pris corps.
Mais tout doucement, sans m'en apercevoir, quelques questions s'infiltrent dans mon esprit... Sans tapage, sans effet de manche.
Bref, tout ce que j'aime...
Dans ce roman s'oposent deux conceptions de la littérature (je vous laisse le plaisir de les découvrir;)). Rapidement j'ai eu la sensation que Carles Casajuana préférait celle de Rovira : il montre Balaguer comme un auteur besogneux pour lequel chaque ligne est produite au prix d'un effort incroyable. On imagine que son texte est rigide. Grande frustration d'ailleurs de ne pas pouvoir le lire. Pourquoi les opposer d'ailleurs? Ne pourraient-elles pas se compléter, s'enrichir? D'ailleurs...
J'ai aimé l'idée du roman dans le roman. On voit le roman de Rovira se créer sous nos yeux, les parallélismes se construire.
J'ai aimé les nombreux passages sur le travail d'écriture. La nécessaire subtilité pour faire passer ses idées. Je suis une grande admiratrice des auteurs capables d'exprimer des idées complexes dans un langage simple et limpide.
"Au lieu de sonner et de remettre le message en main propre, il faut le glisser sous la porte" (p.157).
J'ai aimé la réflexion sur la langue catalan, son évolution, sa place de "langue domestique" , les questionnements sur les raisons qui la feraient disparaitre (d'ailleurs je vous parie que vous ne résisterez pas à l'envie de faire des recherches sur l'histoire du catalan). Le tout présenté avec beaucoup d'originalité et sans lourdeur ni pompe.
Je ne pense d'ailleurs pas que les deux auteurs ont fait le CHOIX d'écrire en castillan ou en catalan comme il est dit dans la quatrième de couverture. Rovira fait un choix quasiment idéologique mais Balaguer est le fruit d'une évolution et ne fait que ce qui lui semble évident. Je n'y vois aucun choix.
Mais j'ai été terriblement frustrée.
Frustrée de ne pas pouvoir comprendre les subtilités sur les différences entre le Castillan et le Catalan. J'ai pris pour argent comptant ce que les personnages en disaient mais j'aurais aimé saisir la différence entre un texte écrit en catalan et le même écrit en castillan.
Frustrée de ne pas pouvoir échanger sur ce livre car je pense que certaines choses m'ont échappé. Notamment la place de la relation avec Rosa dans tout ça.
Mais surtout frustrée par la fin... Je l'ai trouvée incongrue. Si quelque passant pouvait m'éclairer ça m'arrangerait bien.
Merci à Blog-o-book et aux éditions Robert Laffont de m'avoir fait découvert ce roman à côté duquel je serais, hélas, passée.