Bob a 14 ans quand sa mère décide de quiter Dublin pour l'éloigner de ses mauvaises fréquentations. ils emménagent (avec Dennis le petit frère de 4 ans) dans une petite maison, à la campagne. Les voisins/propriétaires, les Dooley, se montrent rapidement charmants et amicaux mais un mystère semble planer sur cette maison : l'occupant précédent a disparu sans prévenir, la grand-mère encourage fortement la petite famille à laisser du lait et des biscuits sur la fenêtre pour faire plaisir aux fées. Mais Bob a pris une décision : il veut retourner le plus rapidement possible à Dublin pour retrouver ses amis.
Mes impressions:
J'ai été touchée au coeur par ce roman et le personnage de Bob. Peut-être parce que des futurs Bob j'en connais. Sans doute même. Des Bob auxquels je tends la main sans pouvoir faire grand-chose.
Déjà son prénom. Il s'appelle Robert mais tout le monde lui donne un prénom différent. Tout à fait à l'image du garçon qui ne sait plus trop qui il est. Enfin si, il est ce que chacun attend de lui. Une petite frappe avec ses "amis", un ado rebelle avec sa mère, un méchant grand-frère avec Dennis. Ce n'est qu'avec les Dooley qui n'attendent rien de lui, le prennent comme il est, qu'il apprendra qui il est et ce qu'il veut faire de sa vie.
Au fil du roman on découvre un gamin cassé, bosselé de partout, sans aucun repère, aucune notion de bien et de mal, étant incapable de jouir de plaisirs simples : pour cause, il n'en vit jamais. A travers ses colères, ses méchancetés, un découvre peu à peu un jeune travailleur, inventif, méticuleux (le détail des boulons dans la poche à fermeture éclair j'ai adoré), responsable. Tout ce qu'il ne savait pas être.
Ensuite sa mère. On pourrait penser qu'elle fuit Dublin pour son fils, pour le préserver. Mais on comprend vire que c'est elle qu'elle veut protéger, préserver. J'ai ressenti une grande colère pour cette mère; égoïste, immature, qui n'arrive pas à penser à ses enfants. Grande colère car cette mère-là je l'ai rencontrée dans mon travail... Et puis, comme dans tout bon roman, on comprend vite que ce n'est pas si simple, qu'elle à plaindre autant que Bob, si ce n'est davantage, car lui aura une chance de s'en sortir... Ce qui est touchant, c'est que c'est Robert qui nous le fait comprendre; qui, par-delà sa colère, est le plus compréhensif envers sa mère.
Et puis les Dooley qui ont tout de la famille Ingalls!
Pour ce qui est du titre, de la "créature de la nuit", je vous laisse le plaisir de la découverte.
Ce que j'ai aussi beaucoup aimé dans ce roman, c'est tout ce qui n'est pas dit, ce qui est supposé, imaginé, suggéré. Alors je vais éviter de faire ma "'moi j'ai compris alors j'étale ma science" et vous laisser imaginer...
Littérature pour ado ou pas? La question se pose franchement car la vie que mène Bob à Dublin est d'une grande amoralité, d'une grande violence. il est ce que toute mère redoute pour son enfant. Pour mon fils de 12 ans et demi certainement pas (il ne supporterait pas cette viomence). S'il était un peu plus mur sans doute, mais en suivant sa lecture de près pour recueillir ses impressions. Ma fille de 15 ans est assez grande pour le lire seul mais le titre et l'histoire lui ont fait un peu peur (pas bien courageux mes enfants!).
Je pense que c'est une lecture très intéressante en lecture croisée parents/ados pour amorcer un débat sur le sens des libertés, du devoir de parents, si le besoin s'en fait sentir. Parce que justement l'auteur ne fait pas de moral, ne conclue pas, laisse le lecteur libre de son interprétation.
Merci à BOB et aux éditions BAAM pour cette découverte, fruit d'un heureux hasard.